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chaussures minimalistes dunkerque

La course minimaliste

By: | Tags: | Comments: 0 | septembre 2nd, 2017

En introduction, une définition de la course minimaliste est utile.
On peut définir la course minimaliste par une pratique qui utilise « le moins de… », comme l’amorti de la chaussure, la hauteur de talon, l’épaisseur de la semelle.
L’extrême minimalisme est donc de courir pieds nus.
La course minimaliste qui utilise le moins d’équipement possible induit une technique de course à pied sur l’avant-pied que nous développerons plus bas.

1/ Pourquoi passer à une foulée sur l’avant-pied ?

La foulée sur l’avant-pied est anthropologiquement parlant plus en phase avec la course à pied.
Jusqu’à preuve du contraire, l’humain né sans chaussures et bénéficie de tous les atouts nécessaires pour se déplacer dans son environnement, les coureurs qui ont grandi pieds nus sont un parfait exemple de foulée minimaliste, ce sont les garants de la course à pied originelle.
Cet environnement a été modifié par l’homme (routes, sol dur) et l’équipement (vêtements, chaussures) s’est adapté à cet environnement. Ainsi, pendant des siècles, l’homme a contraint son corps à s’adapter à l’environnement que l’homme a lui même créé, il a oublié certaines facultés naturelles.

On parle d’attaque talon à la marche, mais également en course à pied, pourtant tous les coureurs n’attaquent pas avec le sol de la même manière.

Il est difficile de classer de manière catégorique les différentes foulées (hors pronateur/supinateur etc.), néanmoins voici quelques exemples.
– Une première catégorie de coureurs attaquent avec le sol avec un impact maximum sur le talon.

– Une deuxième catégorie attaquent avec le talon mais l’impact est moindre car la transition vers l’avant du pied est très rapide.
– Une troisième catégorie attaquent avec l’ensemble de la plante du pied.

– La quatrième catégorie attaquent le sol avec l’avant du pied, le talon peut ou non toucher le sol dans un second temps.

Pour compléter cette approche, un coureur peut voir sa foulée évoluer tout au long d’une performance.

Le choix de passer à une foulée sur l’avant-pied peut donc être un choix induit par une volonté de retour à la fonctionnalité originelle, pour « expérimenter », pour « casser les codes » imposés par les grands équipementiers.
Passer à la course sur l’avant pied peut aussi être une stratégie thérapeutique pour diminuer des douleurs conséquentes à une foulée inappropriée induite ou non à un équipement non adapté.
Peu importe la raison pour laquelle on souhaite passer à une course sur l’avant-pied, chaque coureur a des caractéristiques qui lui sont propres qui détermineront sa faculté ou non à effectuer cette transition.

a href= »http://www.pedicure-podologue-sockeel.fr/wp-content/uploads/2017/09/course_minimaliste.jpg »>course sur l'avant-pied

2/ Comment passe-t-on d’une foulée arrière pied vers l’avant-pied ?

Nous sommes habitués depuis l’enfance porter des chaussures et à courir avec des chaussures ultra-amortissantes et surélevées.
Le simple exercice de courir pieds-nus est un exercice intéressant, car au lieu de compter sur les technologies amortissantes de la chaussure, le corps doit s’adapter pour se protéger des chocs.
Attaquer avec l’avant pied permet une excellente absorption de l’impact avec un quadruple système de poulie : articulations métatarso-phalangiennes, malléole, genou, hanche.
Attention, cette nouvelle foulée engendre une sollicitation musculaire très différente qui nécessite un temps d’adaptation variable selon les profils de coureur.

3/ Pourquoi consulter un Pédicure-podologue dans ce cas est important ?

Spécialiste de l’appareil locomoteur, le podologue sait préparer cette transition, il établit un profil de départ (objectifs, poids, fréquence/temps d’entrainement, foulée universelle ou pronatrice ou supinatrice…), en vue de l’accompagner dans le choix de l’équipement et éventuellement préparer une paire de semelles orthopédiques de récupération à mettre après la course pour favoriser la récupération des muscles qui sont sollicités différemment.

4/ Quel est son rôle de prévention ?

Comme expliqué dans la réponse précédente, le podologue tient un rôle majeur dans la prévention des maux pouvant être induits par la transition vers la foulée minimaliste : lombalgies, gonalgies, fractures de fatigue, aponévrosite plantaire, périostite…

5/ Quelle sera sa place dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire (médecin, kiné, entraineur…) ?

Le podologue est le garant d’un équipement parfaitement adapté au profil du sportif, profil déterminé après un examen clinique rigoureux.
Le podologue peut faire partie d’une équipe pluridisciplinaire (médecin, kiné, entraîneur, ostéo…) et peut éventuellement adapter des semelles pour optimiser la récupération musculaire.

6/ Quels sont les moyens qu’il peut mettre en œuvre dans cette prévention (examen clinique, orthèses, baropodométrie, éducation de la foulée sur tapis, k-taping, mise en place d’un protocole d’entrainement…) ?

L’examen clinique incluant l’interrogatoire est primordial car l’objectif est de définir un profil de coureur et de l’orienter vers le matériel le plus adapté.
(Une blessure en course à pied est souvent causée par un matériel usé ou inadapté) – L’éducation à la course minimaliste (sur l’avant-pied) est compliquée à mettre en oeuvre au cabinet. Pour que cela soit pertinent, une sortie en condition réelle reste la meilleure approche.

La mise en place d’un protocole d’entrainement est également compliqué à suivre, la collaboration éventuelle avec un entraineur prend aussi ici tout son sens.
Encore une fois, l’orthèse est intéressante pour récupérer plus rapidement après une performance.

7/ La course sur l’avant-pied est-elle moins traumatisante pour les articulations chevilles, genoux, hanches que la course sur l’arrière pied ?

Sur l’arrière-pied, le choc est plus traumatisant pour les membres inférieurs que sur l’avant pied. Les vibrations générées par l’impact sont distribuées à l’ensemble du corps (des pieds jusqu’au cerveau).
Les différents systèmes d’amortis des chaussures de course à pieds permettent d’absorber ce choc.
Le système de poulies offert par la course sur l’avant-pied protège l’organisme du choc de l’impact en l’absorbant comme un ressort.

course avant-pied

8/ Les chaussures minimalistes ont-elles un réel intérêt ou est-ce un pur lobby marketing ?

Les revêtements de sol urbains sont très irritants pour la peau du pied de l’homme moderne, aussi les chaussures minimalistes ont un rôle de protection de la peau (frottement, coupures, froid).
La chaussure minimaliste idéale serait une chaussures qui se rapprocherait au maximum de la course pieds nus (ex. Five Fingers).
Cependant, le podologue doit tenir un rôle de prévention contre un discours extrême « marketing » qui encouragerait tout le monde à courir en chaussures minimalistes, c’est une course à appréhender avec bon sens.

9/ Peut-on appareiller avec des orthèses des chaussures minimalistes (sans parler des fivefingers) et ne pas trop dénaturer l’esprit de cette course à pied ?

Mis à part certains cas particuliers (ex. DLMI), équiper une chaussure de course à pied minimaliste n’est pas forcément la meilleure approche.
De manière générale, la semelle ne devrait pas compenser les faiblesses d’une chaussure si une chaussure adaptée existe. Par exemple, un coureur à la foulée pronatrice doit en première intention s’équiper d’une chaussure pour pronateur plutôt que d’équiper des chaussures universelles avec des semelles de correction de pronation, car si la stratégie est gagnante, le coureur s’affranchit de semelles inutiles !
Les chaussures minimalistes n’apportant aucune correction puisqu’on compte sur les propriétés du corps, il semble en effet contradictoire de les équiper avec des semelles.
Cependant, la semelle n’est pas incompatible avec une course sur l’avant pied, elle peut même être utile pour soigner/prévenir certains maux (hyper-appuis).
Plutôt que de se poser la question de dénaturer ou pas l’esprit, la question à se poser est « puis-je améliorer le confort et la performance du coureur dans sa pratique ? »

En conclusion, voici un article (en anglais) d’un cas clinique suivi pendant deux ans de pratique en course à pieds avec des chaussures minimalistes :

http://www.drnicksrunningblog.com/two-year-long-case-study-demonstrating-an-increase-in-arch-height-from-running-in-minimalist-shoes/
Il en ressort que dans ce cas précis, on observe une augmentation de l’arche plantaire et une diminution de la pronation du pied.